L’Un de nous deux. Voici un dialogue imaginaire, le 27 et le 28 juin 1944, entre Léon Blum et Georges Mandel, livrés par le régime de Pétain aux Allemands, et emprisonnés dans une petite maison proche du camp de concentration de Buchenwald. Ils y sont demeurés ensemble près de quatorze mois à partir du printemps 1943. Apprenant le meurtre de Philippe Henriot, ministre de l’Information de Vichy, accompli par la Résistance le 28 juin 1944, ils pressentent que l’un d’entre eux va être exécuté en représailles. C’est Mandel qui va être renvoyé en France, livré à la Milice et assassiné en forêt de Fontainebleau, le 7 juillet. Léon Blum, après s’être attendu constamment à subir le même sort, survivra. Les deux hommes, au fil des péripéties de leur angoisse et de leur espoir, confrontent leurs visions du monde et de la politique, en se référant aux deux grands hommes dont ils se veulent les disciples : Jean Jaurès pour l’un, Clemenceau pour l’autre ‒ si bien que que leur dialogue paraît souvent s’élargir à quatre voix.