Le personnage romanesque qui nous introduit ici à la confidence de sa vie, si excessif soit-il, a bien existé. Les historiens le connaissent sous le nom de Houci Tsong, dernier empereur des Song du Nord (XIIe siècle), peintre et calligraphe de haut rang, qui rêva d'installer sur terre un ordre politique inouï. fondé sur le seul pouvoir de la Beauté. Figure émouvante que celle de ce souverain éperdu d'art - et bientôt perdu par l'art -, dévoyé en toute lucidité et folie, dévoré finalement par un projet qui excédait les possibilités humaines, fussent-elles celles d'un Fils du Ciel. L'aventure imaginée par Patrick Carré tourne résolument le dos aux conventions de la chronique historique. Nous est plutôt proposé le récit, tout ensemble précis et halluciné, d'une existence vouée à tous les extrêmes beauté et volupté cultivées à une échelle monstrueuse souffrance et mépris endurés dans les conditions les plus cruelles. Soit l'histoire d'un homme (ou d'un dieu) qui, avant épuisé ce que le ciel et la terre offrent de meilleur, brûla de s'abîmer dans le gouffre du pire.