Le Livre de l'Éternité est un ouvrage dédié par Mohamed Iqbal à son fils Djâvîd – dont le nom en persan signifie « éternité». Il est le récit d'une pérégrination céleste entreprise par le poète lui-même dans « l’éternité retrouvée », sous la conduite de son maître spirituel Jalâl al-Dîn Rûmî, poète mystique persan et fondateur de l'ordre des derviches tourneurs. Cet ouvrage s'apparente donc d'une part à l'ascension nocturne (Mi'râsj) de Mahomet – qui servit de modèle à de nombreux poètes musulmans – mais également à La Divine Comédie de Dante, car l’on attribue au narrateur le rôle de Virgile. Dans l’au-delà, il fera notamment la rencontre de figures mystiques, poètes, hommes d’Etat, et recevra tour à tour les enseignements de Bouddha, de Zoroastre, du Christ, de Mahomet ou encore de Nietzsche, le philosophe « ivre de Dieu » que l’on prit pour un fou.
Le Livre de l’Eternité n’est pas uniquement une œuvre littéraire témoin de la renaissance de la poésie persane au cours du XXe siècle, mais l’œuvre d’un grand penseur, à la fois moderniste et traditionaliste, qui tente de recueillir et de préserver les valeurs vivantes de l’Islam afin de les projeter dans l’avenir.