Savinkov, terroriste de premier rang (il assassina ou fit assassiner en 1904 le terrible Plehve, ministre de l’Intérieur du tsar, et en 1905 le grand-duc Serge, gouverneur-général de Moscou), deux fois condamné à mort, ami d’Apollinaire, de Cendrars et de Picasso, « suicidé » en 1925 à Moscou dans une prison du camarade Staline, avait publié (en russe) à Paris, en 1908, ce court « roman » totalement autobiographique – jamais traduit en français à ce jour – que la critique avait salué comme le roman le plus « moderne » de l’époque. Une modernité que la récente actualité se charge de rajeunir – tant l’histoire dite elle aussi moderne se plaît à nous rappeler qu’elle prend sa source dans la violence extrême.
Sentiment de Merejkovski, le grand romancier et critique russe des années « modernistes » : « Si l’on me demandait quel est le livre le plus russe, et surtout celui qui permet de juger le mieux de l’avenir de la Russie, après les grandes œuvres de Tolstoï et de Dostoïevski, je n’en désignerais qu’un : Le Cheval blême. »