La publication de la passionnante biographie de Sylvain Goudemare, Marcel Schwob ou les vies imaginaires (Le Cherche-Midi, 2000) a incontestablement marqué un " retour " à Schwob - salué naguère par Borges comme l'un des astres majeurs de notre littérature. Le même Goudemare rassemble ici, en quelque mille pages, l'essentiel des livres qu'a laissés le grand enchanteur : Coeur double, Le Roi au masque d'or, Mimes, Le Livre de Monelle, La Croisade des enfants, Spicilège, Vies imaginaires. sans compter les admirables textes consacrés à la redécouverte de villon, aux plaisirs érudits de l'argot - et à maints autres sujets délectables. Découvreur de Stevenson - dont il fut presque l'égal -, traducteur de Shakespeare, Schwob est surtout un conteur de génie qui s'entend comme aucun autre à mélanger histoire et fiction : nul doute qu'il serait devenu, si la mort ne l'avait fauché en pleine jeunesse, une sorte de " Borges à la française ". Il s'est contenté d'être, en notre langue, le plus sûr rival de Schéhérazade.